Le château du Grand Puch est bâti sur le versant du plateau qui borde la rive droite du Gestas, au sud-ouest et à 2 kilomètres environ de l’église de Saint Germain du Puch.
En plan, c’est un quadrilatère à cotés inégaux, enveloppé de profonds fossés taillés à fond de cuve dans le roc, qui affleure presque le sol dans la plus grande partie de la paroisse. Les fossés, creusés à une certaine distance des murs, ne sont pas plus réguliers que le château ; leurs côtés sont inégaux, et tous n’ont pas la même largeur. Une source située à l’angle sud-est, y entretient toujours une certaine quantité d’eau qui, par un canal souterrain, alimente un grand abreuvoir situé dans les dépendances. L’entrée primitive est à l’est ; le pont, qui sans doute n’était alors qu’en bois, retombait du côté du dehors, sur un cube de pierre en saillie dans le fossé et devait se relever du côté opposé, contre une tour ou du moins une construction qui n’existe plus. Cette construction se reliait elle-même à un mur bâti sur l’escarpe du fossé, et enveloppait une espèce de bastion circulaire. Il devait être percé d’embrasures à l’usage de petits canons employés à cette époque. On a remplacé l’ancien pont par un pont de pierre, et on a ajouté deux autres ponts, l’un au nord, l’autre au sud.
Le château est plus rapproché de l’angle Sud-Ouest de cette enceinte que tous les autres angles. On devait l’avoir placé de cette façon pour laisser plus d’espace aux diverses dépendances, qui devaient s’appuyer contre les murailles extérieures. En plan, il se compose de quatre salles irrégulières, séparées par des murs très épais. Sa façade tournée vers l’orient, est flanquée de deux hautes tours octogones. Des échauguettes circulaires couronnent les deux autres angles. Le premier étage et les greniers se divisent comme au rez-de-chaussée. On pénètre dans les échauguettes et dans l’avant dernier étage des tours par le chemin de ronde ménagé au sommet des murs, qui ont un peu moins de 2 mètres d’épaisseur. La largeur de ce chemin de ronde a été augmentée depuis peu de toute la longueur des consoles de machicoulis.
En élévation, le château a deux étages, plus quatre pignons aigus regardant l’est et l’ouest, et reliés par deux combles de hauteurs et de largeurs inégales et formés par des fermes en ogive. Un mur épais, surmonté d’un chéneau, reçoit la retombée intérieure des deux combles. Des toitures aigues coiffent les tours et les échauguettes.
Au XVII ème siècle, on a ajouté une cuisine, dont le sol est plus bas que celui du rez-de-chaussée, et dont la cheminée fait à l’extérieur, une forte saillie ressemblant à un énorme contrefort ; alors peut-être, on a percé les fenêtres de tout le rez de chaussée et élargi celles du premier étage, auxquelles on a enlevé tout caractère, l’on n’ a conservé des ouvertures primitives qu’un petit jour en ogive subtrilobée, éclairant des latrines au nord de l’angle Nord Est, et les ouvertures des pignons, plus grandes et de même forme.
La porte était à côté de la tour du Sud- Est. Après l’avoir franchi, on se trouve dans une petite anti chambre carrée ayant à gauche la porte de la tour ; en face celle des appartements du rez de chaussée, qui n’offre rien de particulier, et dont les anciennes meurtrières ont fait place à de larges fenêtres ; au-dessus de l’anti chambre, un, peut être deux assommoirs, desservis par le premier étage et par un réduit du chemin de ronde, protégeaient la porte. Dans un placard de ce rez-de-chaussée, on fait voir une porte murée qui conduisait dans des caves, dont une des fenêtres en plein cintre se voit dans le fossé sud. A droite de l’entrée, on trouve l’escalier droit du premier étage, montant dans l’épaisseur du mur, et dont la voûte est formée d’une suite d’arcs ogivaux recouvrant chaque marche et suivant l’inclinaison de l’escalier, qui débouche dans l’angle Nord Est, de la grande salle du premier étage, longue de 12m80 et large de 9 mètres. Cette salle, sauf les cheminées et les fenêtres, est encore telle qu’elle était au XIVème siècle. Les poutres, dont voici la section et qui la traversent dans toute sa largeur, s’appuient sur de forts corbeaux en pierre dont je donne ici le profil. De cette salle on passe dans les chambres du Sud et de l’Ouest par des portes ordinaires, et dans celle du Sud-Ouest, par un couloir qui traverse en diagonale, les murs transversaux. Les trois autres chambres ont été arrangées à la moderne, ainsi que tous les cabinets renfermés dans les tours.
On monte dans les greniers par un escalier dessiné comme celui du premier étage, percé dans le même mur, mais plus étroit, et dont il faut aller chercher le pallier inférieur en passant dans la grande salle. Ces greniers sont faiblement éclairés par de très petites fenêtres à fleur du plancher et ouvertes entre les consoles des machicoulis. On devait monter autrefois sur les chemins de ronde par une échelle ; on y arrive maintenant par un escalier à vis qui débouche dans le réduit placé en partie au-dessus de la porte d’entrée, partie au-dessus des premières marches de l’escalier du premier étage. De ce réduit on passe sur le chemin de ronde par une porte à linteau sur consoles. A droite, on rencontre une tour dont les meurtrières disposées pour les petits canons employés au XIVème siècle, ont à l’intérieur la forme ci-dessous. A l’ extérieur, c’est un petit orifice circulaire surmonté d’une fente verticale. Si de cette tour on veut passer sur le chemin de ronde méridional, on rencontre, à droite, dans le couloir de la porte, un très étroit escalier qui conduit à un autre étage de la tour, très bas, éclairé par une petite fenêtre, et au- dessus duquel est un grenier où sont les créneaux.
Les deux échauguettes rondes, montées sur des assises en encorbellement, ne sont pas absolument semblables, mais se ressemblent beaucoup ; leur meurtrières ont à peu près la forme de celles de la tour, et on y entre par des portes à linteau. Elles sont couronnées par une corniche reposant sur des modillons en forme de pyramides renversées, ou ornés de figures humaines : un d’eux représente une tête à trois faces, ressemblant tellement à une figure qui surmonte un chapiteau du portail de l’église de Saint Germain du Puch, construit, ainsi que le clocher carré qui le surmonte, au XIV ème siècle, qu’il fait penser que le portail de cette église et les ornements du château doivent avoir été sculptés par le même tailleur d’images. La toiture des échauguettes est très aigüe, couverte en ardoise et surmontée d’un bel épi en plomb.
La tour, qui s’était écroulée et qui a été refaite, une vingtaine d’année avant les écrits de Mr Drouyn, est un peu plus grande que la tour A, mais elle lui ressemble considérablement. Le réduit I, qui devait protéger l’escalier du grenier, a été bien rétréci par la construction de la cheminée de la cuisine. Le chêneau serve à l’écoulement des eaux pluviales qui tombent sur les rampants intérieurs des deux grands combles. Le grenier est au-dessus de la grande salle ; le compartiment n'a que 7 mètres environ sur chaque face.
Les merlons des créneaux ont été enlevés, et quand on a refait la galerie qui enveloppe le chemin de ronde, on l’a ornée de quatre feuilles qui ne se rencontrent nulle part et à aucune époque dans les monuments militaires. Heureusement que les belles consoles à quatre assises en retrait des machicoulis ont été conservées. Entre chaque console, et à la hauteur de l’assise supérieure, on a découpé, en forme de subtrilobe creux, la pierre qui fait le sommet de la paroi du fond, ce qui donne plus de légèreté à ce vigoureux couronnement.
Il est rare de trouver des tuyaux de cheminée du XIVème siècle. Je n’en ai encore signalé qu’un à Sémignan. Ici, ils sont tous conservés ; seulement, ils ne servent pas tous. Les uns sont octogones, les autres circulaires. Quatre d’entre eux couronnent les quatre pignons extérieurs. Deux autres surmontent ceux qui s’élèvent au-dessus du mur de refend qui traverse le château du nord au sud. Un septième coupe en deux le chéneau. Presque tous sont surmontés d’une corniche à larmier qui rejette les eaux pluviales loin des parois extérieures.
Le château du Grand Puch est un des mieux conservés du département de la Gironde.
Si lors des diverses restaurations devenues nécessaires pour le rendre habitables selon les besoins modernes, on avait fait des ouvertures et une galerie dans le style du XIV ème siècle, ce serait un monument hors ligne.
Dans la seconde moitié du XIV ème siècle, les villes étaient déjà garnies d’un grand nombre de canons de tous calibres, tandis que les armées assiégeantes ne pouvaient quelques fois qu’avec beaucoup de peine, trainer à leur suite les grands trébuchets ou les bombardes dont elles avaient besoin pour faire le siège. (Le prince Louis Napoléon Bonaparte, président de la république -Napoléon III-Etudes sur le passé et l’avenir de l’artillerie T2.P74)