Dans "La Guyenne Militaire", nous avons la chance d’avoir un descriptif très complet, établi par l’éminent Léo Drouyn.
Nous voyons dans le Recognitiones feodorum, manuscrit de la bibliothèque de Wolfenbuttel, dont l’analyse a été communiquée par M. Jules Depit aux archives historiques de la Gironde,Tome V, que la paroisse de Saint Germain du Puch était au XIII ème siècle possédée par une certaine quantité de petits seigneurs qui devaient hommage au roi. Les seigneurs de Vayres et ceux de Rauzan étaient de leur côté seigneurs directs d’une portion de cette paroisse ; aussi renferme-t-elle dans son territoire une grande quantité de maisons fortes dont nous allons essayer de retracer l’histoire.
Et d’abord, nous voyons, à la fin du XVIII ème siècle, une famille du Puch, qui avait donné son nom à la paroisse ou l’avait reçu d’elle, établie sur son territoire, fort probablement depuis très longtemps, et y construisant des forteresses avec l’autorisation du roi d’Angleterre : c’est Elie du Puch (de Podio), le 17 mai 1330 ; Raimond, le 16 juillet de la même année ; Gaillard du Puch, le 17 mars 1348. Une famille de Jonqueires habitait cette paroisse depuis le XIII ème siècle au moins, et y possédait un château. On y trouve aussi un château de Bedat et des seigneurs de ce nom, et quelques maisons nobles.
Nous commencerons par celui de ces châteaux qui a le plus d’importance comme monument : Le Grand Puch.
Cherchons d’abord quels étaient, au XIIIè et XIV ème siècles, les membres de la famille du Puch qui possédaient des terres, non seulement dans la paroisse de Saint Germain, mais aussi dans les paroisses avoisinantes.
En 1273, Gaillard du Puch devait hommage au roi pour des rentes allodiales qu’ il avait à Nérigean. Le 24 juin de la même année, Arnaud de la Salle, son frère, fils de Feu W. de la Salle, vendent à Raimond du Puch de St Pierre une pièce de terre dans la paroisse de Saint Germain du Puch, au lieu appelé à Capmartin, dont un des côtés confronte au jardin de Robert du Puch. Cet acte qui avait pour témoins Bernard d’Avaret et W de Canteloup, nous apprend en outre, qu’alors le siège archiépiscopal de Bordeaux était vacant et que Pey Gondaumer était maire de cette ville.
Le 10 mai 1315, Helie de la Taste (las tastas) échange avec Hélie du Puch, aussi damoiseau, de la paroisse de Saint Germain du Puch, une terre dans ladite paroisse, dont un des côtés confronte à la terre de Raimond du Puch, damoiseau, fils du Feu seigneur Géraud du Puch, etc, nous apprend que le siège abbatial de la Sauve Majeure était vacant.
Le 11…1332, Jeanne d’Ardilars, fille de feu P.Bernard d’Ardilars, de la paroisse de Saint Sulpice et femme de feu Guilhem de la Bidane, en son nom et avec l’autorité d’Hélie de la Bidane, son fils, vend à Hélie du Puch, damoiseau, fils de feu G.du Puch, chevalier, de la paroisse de Saint Germain du Puch, 45 sous de rente.
* La plus grande partie des faits contenus dans cette notice ont été puisés dans les archives du Grand Puch, que Mr Sarlande, possesseur de ce château, a mis à ma disposition avec la plus grande obligeance. Les archives de Vayres m’ont été aussi d’un grand secours. J’ai expliqué ailleurs, pourquoi j’ai traduit de Podio par du Puch.-Archives historiques de la Gironde-l V, p301. La Taste touche encore les terres du Grand Puch.
Le 3 avril 1353, le seigneur Giraut du Puch, chevalier, de la paroisse de Saint Germain du Puch, et Arnaude de La Pereyre, femme de Pey de Labatut de Puch-Pelat, de ladite paroisse de Saint Germain du Puch, font l’échange suivant : Giraut donne une pièce de terre située dans ladite paroisse, au lieu appelé au Mainin, et, en retour, Arnaude lui cède une terre à La Borie du Puch, qu’elle tient du seigneur de Pujol et de Rauzan.
Nous trouvons à la date du dernier février 1371, un acte de vente fait en faveur de Gaillard du Puch, chevalier, de la paroisse de Saint Germain du Puch.
Le 7 août 1375, noble seigneur Guiraud de la Mote, chevalier, de la paroisse de Cambes, fait un échange avec le seigneur Guiraud du Puch, chevalier, fils de Gaillard du Puch. Une des terres échangées confronte à celle de Guiraud du Puch, de Jean du Puch et du seigneur de Rauzan.
Le 7 aout 1426, une transaction est passée entre le noble homme Guiraud du Puch, damoiseau, de la paroisse de Saint Germain du Puch, et Gulhem Estèbe le vieux.
Dans les actes que nous venons d’analyser et qui tous proviennent des archives du Grand Puch, aucun des du Puch qui y sont nommés, n’est qualifié de seigneur de ce château ni d’aucune des autres forteresses situées dans la paroisse de Saint Germain du Puch, et cependant nous avons vu plus haut que trois membres de cette famille construisirent ou du moins obtinrent le droit d’y construire chacun une maison forte.
Les renseignements que nous puisons dans les archives de Vayres ne sont pas plus précis. Nous y voyons en effet qu’Edouard III, par lettres-patentes du 2 janvier 1341.concède à Gérard , probablement le même que Guiraud, du Puch et à Raimond du Puch frères le droit de haute et basse justice dans leurs domaines situés dans l’Entre-deux-Mers et qu’il les réunit au domaine par la couronne d’Angleterre, dont ils ne pourront jamais être distraits, pas plus que les hommes et les terres qui en dépendent, et cela à cause des bons services qu’ils ont rendus tant à lui qu’à ses prédécesseurs.
Le 12 janvier 1371, noble homme Guiraud du Puch, chevalier, de la paroisse de Saint Germain du Puch, donne en fief une pièce de terre dans la paroisse de Saint Sulpice du Bernac, au lieu appelé à Birac.
En 1414, un Géraud du Puch assiste à Orthez au service funèbre d’Archambaud de Grailly.
Deux châteaux portent le nom de Puch : l’un est appelé le Grand Puch et l’autre le Petit Puch.
Les plus anciennes constructions du Petit Puch appartiennent au XVI ème siècle ; le Grand Puch est du milieu du XIV ème siècle. Si Raimond et Hélie du Puch ont profité de l’autorisation du roi d’Angleterre, il est probable que leurs châteaux n’existent plus ou que l’un d’eux a été remplacé par le Petit Puch, et que mes recherches ont été infructueuses pour retrouver l’autre. Le Grand Puch , ai-je dit , est du milieu ou plutôt de la seconde moitié du XIV ème siècle et nous trouvons dans le catalogue des rôles gascons, que Gaillard du Puch , chevalier, obtint le 17 mars 1348, la permission de construire une forteresse dans la paroisse de Saint Germain ; plus nous avons vu plus haut que Gaillard du Puch qualifié aussi, passait des actes à Saint Germain en 1371. Il est donc à peu près sûr que c’est le Grand Puch que Gaillard fit construire ; il pourrait se faire aussi qu Hélie, qui parait avoir été le grand père de Gaillard, ait commencé le château en 1330.
Nous avons vu dans les actes cités plus haut, quels ont été les successeurs probables de Gaillard jusqu’en 1426. Le 28 janvier 1439, Jean et Bertrand du Puch frères rendent hommage à Jean de Huntington et de Derby, lieutenants du roi d’Angleterre, pour raison des terres du Puch, Cren, Blanquefargue et de la Motte Plane de Béguey. Ce n’est que le 13 mars 1493, que nous trouvons le Grand Puch signalé par le nom que nous lui connaissons actuellement, dans un acte de vente consentie par Bertrand de Sallenave et Bidauce Cassiolat, sa femme, paroissiens de Saint Germain du Puch, en faveur de Mre Jean de Montmaur, prètre, demeurant dans la maison noble du Grand Puch ; Les objets vendus mouvaient de Jean du Puch..Louis XII, par lettres patentes, datées du 3 avril1499, permit à Jean du Puch alors agé de 75 ans environ, et qui était retenu par la goutte dans son château du Puch en Entre-deux-Mers, de rendre à un procureur, qui ira exprès chez lui, la foi et l’hommage qu il doit au roi pour raison des terres du Puch. En conséquence l’hommage fut rendu le lendemain. Le 12 février de l’année suivante, Jean du Puch, ecuyer, seigneur du château du Puch et de Marcillac en Limousin, achète une pièce de terre dans la paroisse de Saint Germain.
Jean du Puch dût mourir vers cette époque ; il n’avait que deux filles : Anne, la seconde fut mariée à François de Sainte Maure, seigneur de Cadillac en fronsadais, auquel elle apporta en dot la terre de Marcillac ; Jeanne, l’ainée, fut mariée à Arthur Olivier, dont elle eut Souveraine du Puch (alias d’Olivier). Souveraine, qui était sans aucun doute dame du Puch, fut mariée à Jean du Puch, dit Brun, et lui apporta en dot la seigneurie du Grand Puch. Ils eurent trois enfants : Jacques, Anne et Catherine.
En 1541, noble homme Jean Brun, chevalier, rendit hommage à François 1er pour raison de la maison et château du Puch sis en la paroisse de Saint Germain du Puch ; pour la maison, château terre et seigneurie de Cabanac située dans la paroisse de Saint Martin de Cabanac en Terre Gasque ; pour le château d’Olivier, à Saint Martin de Léognan ; pour la maison noble de la barrière à Saint Martin d’Angladeen Blayais ; pour la maison noble de Romefort à Saint Pierre de Blaignan en Médoc, en la terre et seigneurie de Lesparre : celle-ci a foi et homage du seigneur de Lesparre.
Jacques et Anne du Puch moururent sans doute sans avoir eu d’enfants, et Catherine du Puch, la seconde fille de Jean, se maria avec Joachim de Ségur, panetier ordinaire de la maison du roi, et lui apporta en dot, toutes les seigneuries qu’avaient possédées son père, puisque dans une reconnaissance mouvante du Grand Puch, datée du 9 juillet 1561, il est qualifié seigneur en la prévôté d’Entre-deux-Mers, vicomte de Cabanac, en Terre-Gasque, et mari de catherine Brun , damoiselle. Dans plusieurs contrats de ventes faites dans le courant de l’année suivante, damoiselle Catherine Brun est qualifiée dame du Grand Puch et de Blanquefargue en Entre-deux-Mers, et de la vicomté Cabanac en Terre-Gasque.Joachim de Ségur devait être mort en 1572, puisque les actes passés, le sont au nom de Catherine seule.
En 1583, Pierre de Ségur, écuyer, avait succédé à son père dans ses diverses seigneuries. Il avait épousé François de de Feydeau, ainsi que le prouve un contrat de vente fait le 17 décembre 1585.
En 1611, Bérart de Ségur, écuyer, avait succédé à Pierre, ainsi que le prouve le contrat d’échange du 22 novembre, fait entre ledit Bérart et Bertrand Michaut, habitant de la paroisse de Saint Germain du Puch. Jusqu’en 1524, il n’est qualifié qu’écuyer ; depuis cette époque, il prend le titre de chevalier. De 1621 à 1630, il ajoute aux diverses seigneuries qu’avaient possédées ses ancêtres, celle de la Taste. Il avait épousé haute et puissante dame Ester de Polignac, qui , le 13 septembre1630, était veuve, ainsi que le prouve un acte de vente consenti à sa faveur.
Ses enfants avaient pour tuteur, Mr Mme Joseph de Ségur, conseiller du roi en la cour de parlement et chambre de l’édit, séant à Agen.
En 1650, Leonor (Eléonor) de Ségur était seigneur du Grand Puch. Le 29 octobre 1691, et le 15 avril1693, François de Ségur, écuyer ( il est qualifié chevalier en 1693), seigneur du Grand Puch, fils d’Eléonor de Ségur, rendit hommage à messire Armand-Jacques de Gourgues, seigneur de Vayres, pour raison seulement de cens et rentes qu’il possédait dans la juridiction de Vayres ; Il est spécifié dans l’acte qu’il n’entend pas y comprendre ni assujettir la maison noble du Grand Puch, ni les seigneuries de La Taste, de Blanquefargue, de la Loubière et autres, ni les biens qui en dépendent, attendu que le sieur de Ségur les tient à foi et hommage du roi.
François de Ségur était encore seigneur du Grand Puch en 1703. En 1762, c’était messire Jean de Ségur, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint Louis, ancien capitaine au régiment d’Orléans-cavalerie. »
Le château reste entre les mains de la famille de Ségur jusqu’en 1824. Cette année- là, M. de Grivel, gendre de M. de Ségur, vend la propriété à M. Souffron ; Ce dernier meurt en 1836 à Porto Rico, laissant six enfants. L’une de ses filles , Athenaïs, épouse de Magloire Castillon du Perron, hérite du domaine en 1838. En 1857, il est vendu par M. et Mme Castillon du Perron à un certain M. Sarlande, et à la mort de celui-ci, à Raymond Aradel qui l’acquiert en 1869.
En 1889, un riche négociant en vin, M. Maurice Gurchy, l’achète aux enchères publiques de Libourne. Il reconstitue entièrement le domaine que M. Aradel, vivant à Paris, avait un peu délaissé ; il l’agrandit considérablement, crée le vignoble actuel, construit les chais, réhabilite le château et les bâtiments de la cour de ferme, construit les logements pour le personnel. Hélas, il meurt accidentellement sur la route Libourne-Royan en 1920, figurant ainsi sans doute parmi les premières victimes de la circulation automobile. Cette fin prématurée l’empêche de mener à terme tous ses projets concernant le Grand Puch. Deux des filles de M.Gurchy, Mme Renaud Dandicolle et la comtesse d’Estriband héritent conjointement du domaine. En 1939, les époux d’Estriband ayant cédé leur part indivise à un Suisse fortuné, M.Pierre Prince, ce dernier en devient copropriétaire avec M.et Mme Renaud-Dandicolle.